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« Quand j’ai grandi, je me suis posée beaucoup de questions »

« Je proviens d’un grand village en Mauritanie, et là-bas, les vacances c’était un événement !

J’avais pris mes habitudes à mon collège situé en ville, car j’y passais toute l’année. À mon retour au village, j’étais toujours choquée car il n’y avait ni eau, ni électricité. On utilisait encore des lampes à pétrole. Je me souviens m’être demandée : « Mais comment vivre dans ce village ? » Je devais faire 4 km à pied pour aller chercher de l’eau au puit. J’étais néanmoins pressée de faire ce trajet avec mes cousines, c’était un peu notre moment à nous !

Je me souviens d’une phrase que me répétaient mes parents : « Allez à l’école, pour que le village émerge ! » C’était le souhait de nos anciens pour les générations futures. Quand la nuit tombait, au clair de lune, on se rassemblait sous les arbres pour faire la fête. J’admirais ce moment où tout le monde chantait et dansait. On célébrait toutes sortes d’évènements, comme des mariages, des festivités mais il y avait aussi l’excision, qui était une obligation sociale…

Quand j’ai grandi, je me suis posée beaucoup de questions. Toutes mes cousines se mariaient toujours avec mes cousins. J’ai essayé d’en parler, mais c’était très tabou. Alors on en parlait entre filles. C’était la réalité là-bas. Je me demandais comment les autres vivaient ailleurs… Un jour, j’ai quitté mon village et je ne me suis plus jamais retournée. »

Mathilde*, 38 ans, mauritanienne.

Réside au centre de Pondrôme.

 

*Prénom d'emprunt