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History of Fedasil

09/02/2024
Stella est une ancienne résidente de notre centre, une femme courageuse et déterminée, dont le parcours de vie est ponctué de défis et de découvertes. Du Cameroun à la Belgique, en passant par la Turquie et la Grèce, elle nous emmène à travers un voyage émotionnel riche en rebondissements. Découvrez comment elle a surmonté ses préjugés et trouvé un nouveau chez-soi au centre, où la diversité des origines et des expériences a forgé des liens inattendus. Suivez son parcours d'intégration, ses défis, ses succès et ses réflexions profondes sur la gratitude et le désir de donner en retour. Avec son humour légendaire, Stella nous rappelle que la vie est faite de rencontres et de partages, même dans les moments les plus difficiles.

Stella est une ancienne résidente de notre centre. Originaire du Cameroun, elle est arrivée chez nous le 16 août 2021 avec sa fille de 1 an et demi. Après presque 2 ans au sein de notre centre, elle a obtenu son statut et a repris le cours de sa vie :

« En mai, ça fera 5 ans que j’ai quitté le Cameroun, où j’étais comptable. J’ai vécu 6 mois en Turquie, puis j’ai eu ma fille et nous sommes restées 1 an et demi en Grèce. C’est d’ailleurs dans cette langue que je lui parle le plus souvent. Nous avions lancé une procédure là-bas, mais finalement nous n’avons pas attendu l’aboutissement de celle-ci et sommes venues en Belgique. Au départ, je ne voulais vraiment pas vivre dans un centre comme celui-ci : je pensais que c’était un endroit où nous serions bien plus nombreux, où j’allais devoir me battre pour pouvoir manger ou me laver… Mais quand je suis arrivée j’ai vu l’organisation qui était déployée pour notre bien-être et je me suis rendue compte que moi-même j’avais des préjugés sur ce que j’allais vivre. Même si le début de la vie en communauté, c’est vraiment difficile. Il n’y a pas que des gens partageant les mêmes origines que moi. Les résidents du centre viennent de divers horizons, avec des origines, des éducations, et des mentalités totalement différentes. Il y a le problème de la langue aussi, qui fait qu’on ne se comprend pas toujours et qui peut mener à des tensions suite à la mauvaise compréhension. J’étais fort renfermée lors de mon arrivée, je ne parlais quasiment à personne ».

Mais au fur et à mesure, Stella a pris du recul et s’est focalisée sur le positif qu’elle pouvait ressortir de sa situation :

« J’ai commencé à me laisser aller, et surtout j’ai appris à connaître les gens et les comprendre. Certains sont tristes, certains sont joyeux : pourquoi ? Les histoires de chacun sont différentes, et j’ai fini par comprendre que je ne suis pas la seule à avoir un passé et un parcours difficile, chacun a sa manière de gérer. Ca ne sert à rien de rester dans sa bulle. J’ai commencé à suivre une formation d’aide-soignante et ça a été le déclic : je parlais avec des gens de l’extérieur, avec les élèves de ma classe. Les professeurs avaient une petite attention particulière pour moi. Ça m’a fait énormément de bien de côtoyer des gens de l’extérieur, de m’intégrer ».

Puis un jour, tout a été chamboulé :

« Quand j’ai appris que j’avais le positif (réponse positive quant à la procédure de demande de protection internationale en Belgique) j’étais folle de joie, et je me suis juste dit ENFIN. Je sais que j’ai de la chance en tant que maman célibataire venue d’un centre, qui finalement obtient son statut et termine ses études. J’ai eu une bonne étoile sur ce coup-là. Je sais que ça n’arrive pas souvent et j’en suis très reconnaissante. J’ai tellement pleuré, ça n’a pas été facile, loin de là, et tout d’un coup la chance a tourné et tout est arrivé d’un coup. J’avais beaucoup de mal à réaliser mais je suis tellement heureuse. J’ai quitté le centre le 5 juillet 2023. J’ai gardé contact avec beaucoup de résidents, j’habite en face du centre, certains gardent encore ma fille quand j’ai besoin d’un coup de main. Vivre hors du centre, c’est un soulagement, un renouveau. Mais parfois, ça fait bizarre aussi, après autant de temps, il m’arrive de me sentir seule. Puis les habitudes restent, surtout le mercredi : je dis à ma fille « hé si on était toujours au centre on serait en train de manger les frites de Madame Nancy hahaha ». Ce qui me plaisait au centre, c’étaient les événements qu’on y faisait, quand on invitait les gens de l’extérieur, tous ces moments de partages où on apprend et on découvre les autres cultures. »

Aujourd’hui, Stella pense à l’avenir de manière sereine, sans oublier tout ce qu’elle a pu vivre durant ces dernières années.

« Par rapport à la suite je me sens bien, j’arrive à me projeter, je me suis donnée 2 ans dans l’appartement dans lequel je suis, et puis pourquoi pas chercher une plus grande maison. Je m’entends très bien avec ma propriétaire, mais si au début c’est un peu délicat car les gens en général ne sont pas bien informés de ce que sont les centres et ce qui y est fait, il peut y avoir pas mal de préjugés sur ceux-ci. C’est pour ça que je veux continuer à m’investir pour le centre, d’une manière différente, et pour montrer ma gratitude aussi. Je me dis que quand ma fille sera plus grande, je pourrai devenir bénévole au centre. J’ai été bien entourée, quand ça allait, et aussi quand ça n’allait pas, et je veux rendre ce coup de main qu’on m’a donné pendant ces 2 dernières années. Je n’avais pas toujours la force de tout faire toute seule, et les membres du personnel du centre ont été présents pour m’accompagner et me soutenir au quotidien. Des fois, je me fais arrêter par des nouveaux résidents qui me disent qu’ils savent qui je suis. L’autre jour, un nouveau est venu frapper à ma porte : il était envoyé par une travailleuse du centre car il se lance dans la même formation que moi et il demandait si je pouvais l’aider dans certaines matières, ce que je fais avec plaisir.

Si je devais résumer cette partie de ma vie, je pourrais en dire : on n’a pas envie de venir vivre dans un centre, la route est longue et fastidieuse, mais quand tu le quittes tu as quand même un pincement au cœur, pour toutes les personnes formidables que j’ai pu rencontrer, pour toutes ces amitiés créées ».